Cette série de portraits, baptisée #Jeméteins, m'a été inspirée par le décalage qui existe entre ces personnages animaliers que nous aimons tant dans les films d'animation, et la réalité de plus en plus dramatique de la condition animale.
J'ai passé toute une partie de ma jeunesse dans les collines de la garrigue, autour de l'abbaye que restaure mon père, dans les montagnes des Hautes Pyrénées avec mes grands-parents, et la nature a sans cesse nourri mon imaginaire. Je crois qu'il existe en moi une forme d'empathie avec elle, qui m'a rendu extrêmement sensible à la dégradation qu'on pouvait lui faire subir. Comme si en blessant la faune et la flore, on s'en prenait à moi ou à ma famille.
L'expérience dans la communication graphique m'a appris le pouvoir de l'image associée aux phrases choc. C'est ce que j'ai fait une première fois avec la série #NosPrécieux, en conjuguant des portraits d'activistes de l'écologie à des citations de Tolkien extraites du Seigneur des Anneaux. Par exemple, une phrase comme "Même la plus petite personne peut changer le cours des choses" collait parfaitement à Greta Thunberg. C'est ce que j'ai fait pour une quinzaine de personnalités, reprises sur le site PositivR.
Je suis parti du même principe pour la série #Jeméteins : les animaux sont partout dans nos films d’animation. Nous aimons ces personnages, ils font partie de nos vies, et pourtant, notre modèle de société les exploite, les empoisonne, détruit leur habitat, leur nourriture, certains n'hésitent pas les massacrer pour leur chair, leur fourrure, leurs organes... Il y a là une totale contradiction, voire une hypocrisie plus ou moins inconsciente qui méritait d'être soulevée.
Le premier personnage qui m'est venu à l'esprit est celui du tigre Sheer Khan dans le Livre de la Jungle. Ce fauve symbole d'une peur ancestrale, qui aujourd'hui se retrouve la proie de l'Homme. Le renversement de situation est assez saisissant.
J'ai littéralement été dépassé par le succès de ces portraits sur les réseaux sociaux. Notamment à partir du moment où Hugo Clément les a remarqués et s'est tout de suite proposé pour les partager. Résultat : plus de 120.000 fois sur Instagram, partagée plusieurs dizaines de milliers de fois sur l’ensemble des réseaux, un article dans PositivR, le mag de la SPA de Strasbourg et le site de 30 millions d’amis.
Je pense que
les gens se sont sentis plus intimement concernés en découvrant ces personnages
qu'ils ont appris à aimer, parfois dès l'enfance, et que la puissance
émotionnelle du visuel est parfois plus fédératrice que les meilleures
vulgarisations scientifiques. Si cette initiative conduit certains à
s'intéresser plus concrètement au sujet, à militer pour la cause animale, à
s'investir dans des associations ou des ONG, alors mon pari sera gagné.
Crédits : Disney, 20th Century Fox, HBO
Crédits : Disney, 20th Century Fox, HBO